Après l’ailier Julien Malzieu, c’est au tour de l’ancien troisième ligne Benoît Guyot de raconter le mal-être qu’il a vécu lors de ses années passées à La Rochelle.
Benoît Guyot n’entrait pas dans les plans du manager Patrice Collazo. La situation était extrêmement difficile à vivre pour le jeune troisième ligne:
« Les semaines étaient particulièrement déprimantes. Je faisais du physique, cela n’avait plus aucun sens. Je jouais avec les espoirs et quand il n’y avait pas de matchs, Patrice Collazo me disait que je pouvais être libre dès le mercredi. Je me rendais aux entraînements en moto et j’avoue qu’il m’est arrivé de faire deux ou trois fois le tour de La Rochelle avant d’y aller parce que je n’en avais pas envie… J’ai voulu rester irréprochable dans mes attitudes, ne rien lâcher et j’ai essayé de tenir jusqu’au bout mais à un moment, tu ne peux plus. Il y a un sentiment d’injustice énorme. Je me suis un peu réfugié dans mes études. Côtoyer des gens en dehors, qui ne venaient pas au stade et ne me voyaient pas forcément comme un joueur de rugby, m’a fait un bien fou. Nous avons toujours discuté avec Patrice Collazo. C’est quelqu’un qui est dans l’affectif, mine de rien. Il avait des contraintes à gérer, je le comprends. Puis-je lui en vouloir ? Je ne sais même pas. Je n’en ai pas envie, je sais qu’il ne l’a pas fait contre moi. C’est le sport. C’est ingrat mais c’est comme ça. Et c’est inhérent au haut niveau surtout : quand on signe un contrat, on prend le risque que cela arrive. C’est d’autant plus difficile à vivre que nous sommes payés pour jouer. Personnellement, je ne conçois pas de gagner de l’argent sans rien faire. Il y avait un sentiment d’inutilité, presque de culpabilité. C’est particulier d’en parler, je n’ai pas envie de passer pour le mec qui se plaint. Je peux le faire plus facilement parce que je m’en suis sorti mais la réalité, c’est que certains joueurs vivent de véritables situations de détresse. Ce genre de choses pourrait être mieux géré. Le sport a besoin d’humain, de temps. Le problème, c’est que les clubs n’en ont pas : ce dont ils ont besoin, eux, c’est de résultats alors ils travaillent dans le court terme. »