Ce dimanche, le stade Mayol sera le théâtre d’un quart de finale de Champions Cup aux allures de classique du rugby hexagonal. Deux institutions, le RC Toulon et le Stade Toulousain, se retrouveront face à face à 16h pour un duel à élimination directe. Si les coups vont pleuvoir pendant 80 minutes, le respect, lui, restera intact.
En conférence de presse, Pierre Mignoni, le manager du RCT, a offert une comparaison aussi décalée que percutante, digne d’un clin d’œil aux Inconnus : « Il y a une forme de respect. Sur le terrain, on ne se fait pas de cadeau, mais on a un lien un peu différent. »
Cette réflexion, empruntée au célèbre sketch du “bon chasseur et du mauvais chasseur“, résume bien la nature particulière de ce face-à-face.
Deux clubs rouges et noirs qui s’évitent… jusqu’à aujourd’hui
Toulon et Toulouse partagent bien des choses : les couleurs, la tradition, la passion du jeu. Mais paradoxalement, ces deux géants du rugby français ne se sont que rarement croisés aux sommets dans les mêmes périodes. Leur rivalité, aussi respectueuse que rugueuse, n’a jamais vraiment débordé, faute d’une réelle concomitance dans leurs heures de gloire.
On se souvient certes des finales du milieu des années 1980, remportées par le Stade Toulousain (1985, 1989), ou encore de la finale de 2012, conclue là encore en faveur du club haut-garonnais. Mais ces affrontements n’ont jamais suffi à allumer la mèche d’une hostilité durable. Même en Coupe d’Europe, où Toulon (3 titres) et Toulouse (6 sacres) brillent depuis des années, les deux mastodontes ne s’étaient encore jamais affrontés en phase finale. Jusqu’à ce dimanche.
Mayol, le théâtre d’une première historique
Pour ce premier quart de finale européen entre les deux formations, le décor est planté : un Mayol bouillant, un duel physique annoncé, et deux entraîneurs qui se connaissent bien. « Jouer un quart de finale à Mayol, c’est d’abord une superbe fête du rugby, un duel entre deux grands clubs français et européens », soulignait Ugo Mola, dès dimanche soir. « Toulon a une équipe très compétitive. Pierre Mignoni fait du très bon boulot, c’est presque dommage de se rencontrer à ce niveau-là des quarts. Mais on sait à quoi s’attendre. On aura un gros challenge à relever, notamment dans le défi physique et collectif. »
Mola n’est pas réputé pour distribuer les compliments à la légère, surtout quand il s’agit de ses confrères. Mais entre lui et Mignoni, le respect est réel, presque palpable. Même l’affaire sensible du transfert de Melvyn Jaminet, aujourd’hui arrière du RCT, n’a pas entamé leurs relations.
L’affaire Jaminet, toujours dans les esprits
Rappel des faits : en 2022, Jaminet avait racheté son contrat à l’USAP pour un montant de 450 000 euros, afin de rejoindre Toulouse. Une somme qui, selon les termes du transfert, devait être remboursée par le Stade Toulousain… mais qui ne l’a jamais été. Résultat : le club haut-garonnais a écopé récemment d’une amende de 1,3 million d’euros pour dépassement du salary cap.
Malgré cet épisode tendu, Mignoni temporise, fidèle à son approche pondérée : « Je ne suis pas de ceux qui veulent la peau du Stade Toulousain et qui s’acharnent. J’ai confiance en l’institution Stade Toulousain et dans les hommes qui la portent pour régler la situation de mon joueur (Jaminet). »
Rivalité, intensité… et respect
Ce Toulon – Toulouse ne sera pas qu’un simple quart de finale. Ce sera un choc de cultures, une opposition de styles, un bras de fer où le respect ne se traduira pas par de la retenue, mais bien par une intensité maximale. À Mayol, comme souvent, le RCT cognera fort. Contre Toulouse, il le fera aussi. Mais comme dirait Mignoni en paraphrasant les Inconnus : « Ce n’est pas pareil. »