Anthony Jelonch : “Un mec qui a peur, ça se voit tout de suite sur le terrain”

Le troisième ligne de Toulouse, Anthony Jelonch s’est longuement confié via L’équipe.

Le Toulousain a traversé des moments compliqués avec deux ruptures d’un ligament croisé d’un genou en moins d’un an.

Désormais de retour à la compétition, ce-dernier explique se sentir bien et revenir à son niveau de jeu. Extrait:

« Physiquement, je sens que ça revient bien. Le Tournoi m’a fait du bien, aussi bien à la tête qu’aux jambes. J’avais besoin de jouer des matches durs, à haute intensité, et je les ai joués. » 

Il indique ne pas avoir d’appréhension. D’ailleurs, il précise qu’un joueur ne doit pas avoir peur sur un terrain de rugby. Extrait:

« Il faut avoir confiance. Un mec qui a peur, ça se voit tout de suite sur le terrain. Le plus dur, c’est de reprendre les bons automatismes. Il faut se reconnecter avec l’équipe, avec le rugby pratiqué. Une fois que c’est fait, t’as l’impression que c’est comme avant, qu’il ne t’est rien arrivé.

J’ai juste un peu plus de soins à faire. Je dois faire de la prévention, du renforcement, mais c’est davantage pour garder mon corps au top. »

Il s’est ensuite exprimé sur sa volonté de revenir en jeu le plus rapidement possible pour jouer la Coupe du monde de 2023. Extrait:

« Je voulais absolument jouer cette compétition. Donc je n’ai pas eu le temps de me poser trop de questions. La seconde fois, comme je savais à quoi m’attendre, j’ai mieux géré ma convalescence. J’ai bossé encore plus pour revenir, en prenant le temps qu’il fallait. J’ai repris au bout de huit mois, alors qu’il m’en avait fallu sept après la première blessure. Avec du recul, il me semble que ça a été plus facile pendant la rééducation, mais plus difficile ensuite pour revenir à mon niveau sur le terrain.

Ça vient peut-être du fait que j’avais coupé plus longtemps avec le rugby. Quand tu reviens, il faut réapprendre à encaisser les chocs. Au début, ton corps est beaucoup plus mâché qu’en temps normal, quand t’enchaînes les matches. Tu le ressens au niveau des épaules, des cervicales. Le paradoxe, c’est que j’ai plutôt été bon quand j’ai repris. C’est quelques semaines après que j’ai connu un coup de moins bien. Derrière, il m’a bien fallu deux mois pour me sentir bien. »

Il la fait le parallèle avec la blessure d’Antoine Dupont. Extrait:

« Sa blessure actuelle se rapproche plus de ma première. Parce que le ménisque est également touché. Du coup, tu te retrouves à être immobilisé trois semaines, à marcher avec des béquilles sans pouvoir poser le pied par terre. C’est ce qu’a vécu Antoine. Moi, la deuxième fois, comme je n’avais rien eu au ménisque, je n’avais pas subi d’immobilisation. Trois jours après l’opération, je remarchais normalement. Après, ça ne change rien à la durée d’indisponibilité. C’est juste que quand tu ne peux pas bouger, ta jambe perd un peu de volume. Un volume que tu devras regagner à ton retour à l’entraînement. »

Il ne le cache pas : mentalement, cette blessure fait mal. Extrait:

« Une grave blessure comme ça, ça fait mal, admet-il. Quand t’as déjà eu une blessure identique, tu te dis ”ça y est, c’est reparti, je vais devoir bosser deux fois plus pendant huit mois pour revenir, et en plus je ne sais même pas dans quel état je serai au moment de ma reprise”. Au début, c’est vrai, tu te poses des questions. C’est complètement normal. Antoine se les est posées aussi. Mais je ne me fais pas de souci pour lui, je suis persuadé que ça va bien se passer. Il est revenu une fois, il reviendra une deuxième. »

Désormais, Anthony Jelonch n’a qu’une seule envie : disputer les phases finales avec Toulouse. Extrait:

« Les seules phases finales que j’ai jouées avec Toulouse sont celles où l’on perd en demies des deux compétitions, en 2021-2022. La saison d’avant, celle du premier doublé (2020-2021), j’étais encore à Castres. Et les deux saisons d’après, j’étais blessé. J’espère que ce sera enfin la bonne année pour moi.

Quand tu n’es pas sur le terrain, tu vis la chose différemment, ce n’est pas pareil. En tribunes, tu ressens forcément de la frustration, même si t’es content de voir tes copains gagner tous les matches. Il fait beau, il y a des supers matches à jouer, et toi tu ne peux pas les jouer.

J’ai hâte de vivre cette fin de saison, de m’éclater un maximum, de vivre le plus de matches possibles. Si on continue à se régaler sur le terrain, avec le groupe qu’on a, on aura peut-être la possibilité de faire encore des belles choses cette année. »

Selon lui, Toulouse peut aller loin même sans Antoine Dupont. Extrait:

« Antoine est toujours aussi dur à remplacer, mais on a des mecs qui sont prêts à relever le défi, promet-il. On voit que l’équipe a toujours faim de gagner, faim de s’entraîner toute la semaine. Et puis, il y a aussi cette concurrence qui permet à tout le monde de se tirer vers le haut. »

Pour conclure, Anthony Jelonch a évoqué son rôle de remplaçant en équipe de France. Extrait:

« Quand tu rentres à la 45e, t’as quand même beaucoup de responsabilités. La plupart du temps, surtout dans le Tournoi, il n’y a rien de fait. Les matches se décantent souvent dans les vingt dernières minutes. Donc, c’est à toi, en tant que remplaçant, de contribuer à faire gagner l’équipe. C’est quelque chose que j’apprécie. Comme je trouve chouette de remettre un coup de boost aux mecs qui sont encore sur le terrain et qui ferraillent depuis le début du match. Voir des finisseurs remplis d’énergie, ça les pousse, ça les tire vers le haut. »

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